DU XIIIème au XXIème SIECLE, QUE DE CHEMIN PARCOURU
Depuis 1234, que notre église est mentionnée sous le nom de Ecclésia de Saint-Victoris de Vernassals, combien de générations y ont prié, chanté, pleuré, aussi, c’est avec émotion que nous rendons hommage à ces bâtisseurs d’un autre âge ; de leurs mains, leur bien le plus précieux, ils posaient les fondations de notre histoire il y a 8 siècles. Ils nous ont ainsi ouvert le livre de leur vie, charge à nous de savoir le lire, l’interpréter et surtout le conserver.
Au terme de son homélie, Monseigneur nous a dit « quand on a un cœur jeune, on a un regard plein d’espérance », nous devons être très très jeunes, car de l’espérance il en a fallu afin de mener à bien ce grand projet qu’a été la restauration de cette église.
Son histoire est intimement liée à celle du château, dont il ne reste qu’une tour incorporée dans une construction rurale, le chœur et la première travée formaient la chapelle de celui-ci. Rien ne l’aurait amenée sous les feux de l’actualité si une campagne de travaux menée depuis 2003 n’avait permis de redécouvrir son ancien portail roman, c’est donc lors des travaux de piquage des enduits que ce dernier est apparu sous une maçonnerie de blocage qui obturait l’ancien portail et dont les lobes étaient bien visibles, on accédait à l’église par une petite porte
Ces travaux ont certainement été réalisés au XVIIème siècle lors de l’agrandissement de l’église et la construction de la façade occidentale.
C’est également sur le seuil de cette nouvelle façade que la perspicacité du Père Savelon a permis de mettre à jour l’ancienne pierre d’autel convertie en marche d’escalier.
Les peintures intérieures aussi ont été diversement remaniées selon les époques, l’ensemble des décors est arrivé jusqu’à à nous très abîmé et encrassé, aussi dans un premier temps, il a été nécessaire de procéder à des travaux de consolidation et de masticage car de nombreuses fissures endommageaient les murs et la voûte, ensuite un sérieux nettoyage a été indispensable afin d’éliminer tous les badigeons antérieurs.
Il a fallu tout le professionnalisme de l’ensemble des maîtres d’oeuvre et artisans qui ont travaillés sur ce chantier et surtout la parfaite collaboration qui s’est instaurée entre les prêtres de la paroisse Jean XXIII et la municipalité, pour que ce chantier plein d’imprévus ait pu être mené à son terme.
Chacun a su rebondir et accepter les multiples contraintes tant matérielles que financières occasionnées par la découverte de ces témoignages de notre passé.
Pendant tout un hiver, le bâtiment de la mairie a suppléé à l’église pour les messes, tandis que les cérémonies religieuses avaient lieu dans les paroisses voisines.
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LE PORTAIL ROMAN
Ce portail à arc polylobé est réalisé en pierre de provenance locale.
Les 4 colonnes se composent d’un socle, d’une base, d’un fût et d’un chapiteau.
Les chapiteaux constituent l’élément essentiel de la décoration, on trouve successivement :
- Un chapiteau à décor de feuilles superposées, allongées et rainurées.
- Un chapiteau à tête de monstre monocéphale à 2 corps terminés par une queue palmée et enroulé, munis chacun de pattes griffues. De la bouche curviligne sort une langue hypertrophiée. Les yeux sont soulignés par un bourrelet. Ce décor porte encore les traces de polychromie rouge et noire.
- Un chapiteau à décor composite : d’une tête anthropomorphe grossière à la bouche béante sort un double réseau de tiges entrelacées terminées par des palmettes en éventail.
- Un chapiteau orné de feuilles nues bien détachées du fond, couronnées par un ornement endommagé.
Les parties romanes complétées par la découverte de ce portail nous permettent de dater l’ensemble de la fin du XIIème siècle.
La redécouverte de cet ensemble a été un nouveau et important jalon dans l’histoire de l’architecture romane locale, elle positionne l’église de Vernassal aux côtés de celles de Landos, Bains, Arlemps ou Chaspuzac, qui ont conservé ce même type de portail polybé et confirme la Haute-Loire comme un conservatoire de l’art médiéval , tant par l’architecture que pour les décors peints ou sculptés.
LES FRESQUES et TRESORS
Scalpels, brosses, éponges, et pinceaux, ont réalisé pourrait-on dire « des miracles »
La Chapelle nord
Sur le mur ouest, sous 5 couches de badigeons apparaissait une peinture du XVIème siècle représentant Saint-Robert tandis que le mur nord a dévoilé un décor très piqueté daté du XIIIème siècle, on peut penser qu’il s’agit de la résurrection du Christ.
Les voutains bien dégradés ont été piqués, refaits et passés au badigeon, le décor des nervures a été dégagé, nettoyé et brossé.
Maintenant appelée Chapelle Saint-Robert, celle-ci est fermée par une imposante grille en fer de 350 kg. Faisant office de musée, elle abrite désormais une croix processionnelle du XVIème siècle classée aux monuments historiques depuis 1905 ; sont exposées également des statuettes en bois doré, l’une de Saint-Victor, patron de la paroisse, les autres représentant Saint-Roch, Saint-Joseph ainsi que 2 Vierges à l’Enfant.
Figurent aussi un Missel du diocèse du Puy présenté sur un porte-livre daté de la Révolution.
Le choeur
Sous la voûte, sous 3 couches de badigeons, s’est profilé enfin un premier décor daté de la fin du XVIIème siècle représentant une colombe dans une allégorie semblant évoquer un soleil.
Un autre décor lui aussi en bon état, daté du XVème siècle apparaissait, composé en grande partie de chevrons bruns sur fond clair.
Sur le mur sous la corniche côté sud a été représentée une très belle scène du XIIIème siècle, en assez bon état représentant la lapidation de Saint-Etienne.
L’arc triomphal
Plâtre et ciment recouvraient des vestiges d’époques différentes. Les décors du XVème siècle ont été privilégiés à ceux du XVIIème en mauvais état. On peut distinguer une main tendue semblant protéger l’assistance.
NOTRE EGLISE AUJOURD’HUI
Depuis 2006, l’église est inscrite à l’inventaire des monuments historiques.
D’autres décors d’époques différentes existent dans la 1ère Chapelle nord, ainsi que la nef, ils restent en attente de futures restaurations.
Voûtes, pilier, chœurs et chapelles sont recouverts désormais d’une palette de couleurs qui donnent une église gaie et colorée ; les couleurs qui se reflètent sur les murs clairs au travers des vitraux baignés de soleil, accentuent l’effet lumineux de tout l’espace.
Après une longue relégation dans les combles, l’autel du XVIème siècle superbement restauré, avec ses 4 évangélistes en façade a totalement transformé le chœur, quant au Maître Autel en pierre, c’est aujourd’hui que sa fonction première lui a été rendue, maintenant, que sont gravées les 5 croix représentant les 5 plaies du Christ.
La tribune qui assombrissait la nef, ne présentant aucun caractère particulier a été démolie. Nous sommes dans une période où les règles de sécurité sont très strictes, personne ne pouvait nous garantir sa solidité, la municipalité a préféré jouer la prudence.
Par contre la chair a été conservée, d’époque Napoléonienne, elle est l’œuvre d’un enfant du pays garde du corps de l’Empereur
Détail qui a son importance surtout dans nos régions : durant cet hiver 2008-2009 si froid et si long, chacun a pu apprécier le confort du chauffage au sol.
LE BUDGET
Le budget de notre petite commune était loin de pouvoir supporter un tel projet aussi des aides extérieures ont été primordiales :
Le montant des travaux de la 1ère tranche pour les travaux extérieurs : … 184 694 euros
Conseil général a subventionné…………………….. 82 350 euros
La paroisse Jean XXIII …………………………. .. 46 000 euros
Le montant des travaux de la 2ème tranche pour le portail roman et les fresques : 137 707 euros
Les subventions ont été les suivantes :
D.R.A.C. (20 % du montant retenu)…………………. . 21 659 euros
Conseil Général (30 % du montant retenu)…………….. 32 489 euros
Conseil régional (10 % du montant retenu)…………….. 10 830 euros
Réserve parlementaire du Sénateur Adrien Gouteyron….24 000 euros
Un emprunt de 70 000 euros sur 20 ans a été réalisé et le reste a été financé en fonds propres.
LA MAIN DE L’HOMME
Nous ne pouvons pas clore l’historique de cette belle réalisation sans mettre à l’honneur les maîtres d’œuvre et les artisans sans qui rien n’aurait été possible :
Maîtrise d’œuvre
Dominique Brunon Architecte des Bâtiments de France
Jean-Michel Fuzet Architecte DPLG
Bernard Galland Technicien SDAP 43
Jean Jacques Gateuille Economiste
M. Sabatier Coordinateur SPS CDG
M. Perrussel Thermicien
Première tranche
Charpente- couverture- enduits extérieurs SARL Ampilhac
Menuiserie Philippe Chabanne
Peinture SARL Broc
Zinguerie Jean Paul Rousson
Serrurerie Gire Frères
Deuxième tranche
Portail Roman Le Compagnon
Enduits intérieurs- échafaudages SARL Ampilhac
Menuiserie Marc Defix
Plâtrerie – peinture SARL Broc
Carrelage SARL Faverial
Fresques Mme Annie Andrès
Electricité- chauffage P. Sibaud
Serrurerie SARL Tavernier
Que la mémoire des uns et le talent des autres nous préservent de l’oubli.
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RAZONNET : Croix oratoire sur une éminence rocheuse